5 nouveaux points sous contrôle du Manager Agile

 

 

# Petit rappel

Dans mon article précédent, je vous ai exposé les 6 premiers points de contrôle du Manager Agile. Je vous les rappelle succinctement :

  1. Le salaire: juste – suffisamment attractif – grille transparente basée sur les apports, la motivation, l’implication.
  2. Les signes de reconnaissance conditionnels: signes positifs ou négatifs mais basés sur des tâches concrètes et observables, sans jugement de valeur ou de personne.
  3. Les perspectives: vision collective des projets d’entreprise mais également vision personnelle d’évolution pour chacun.
  4. Les responsabilités: donner de la valeur, permettre de se sentir important. Varier les missions et donner des défis. Impliquer dans le recrutement.
  5. La charge de travail: 20% de tâches pour 80% de résultats. Travailler sur les « plus value » et les spécificités de chacun et octroyer les moyens nécessaires pour les optimiser.
  6. Du sens: donner une portée commune aux actions et développer les axes : pourquoi je me lève le matin, pourquoi est-ce que je creuse et jusqu’où ?

# Quels sont les autres points sous contrôle du Manager Agile ?

Aujourd’hui, je vous en présente 5 nouveaux, tout aussi indispensables pour aborder la posture du Manager Agile. Ils iront donc de 7 à 11 puisque vous connaissez déjà les 6 premiers.

  1. Faire du « Reporting » humain
  • Le « Reporting » est un des outils de « Business Intelligence ». Il est destiné à faciliter la communication de résultats chiffrés ou d’un suivi d’avancement. Dans le cadre qui nous occupe, il ne s’agit de la partie technique chiffrée mais bien d’instaurer des espaces – en termes de temps et de lieu- qui permettent des moments d’échange. Moments privilégiés qui permettent à chacun, librement et sans jugement, d’échanger sur les tensions ou les conflits.
  •  Ces « Reportings » doivent faire l’objet de discussions constructives sur « comment amplifier les tâches motivantes et éliminer les pertes de temps ». Il s’agit d’en retirer des pistes concrètes de mise en œuvre immédiate. Ces pistes seront exploitées selon les questionnements : qui fait quoi, avec qui, où, comment, dans quelles circonstances ou situations, quand, pour combien de temps et pour quels résultats ?
  •  Il s’agit d’une clarification extrêmement puissante avec un cadre de réalisation simple, applicable à tout moment. Ce genre de « Reportings » a l’avantage de stimuler l’implication et la prise d’initiative de chacun dans le respect de l’autre et des objectifs à atteindre. Par ailleurs cela évite la tenue permanente de réunions bien souvent aussi longues que stériles.
  1. Equilibrer vie professionnelle, personnelle et loisirs
  • Le Manager Agile est d’abord capable lui-même de préserver son triangle d’équilibre entre vie professionnelle, vie personnelle et loisirs. Il a appris à jongler avec les trois côtés du triangle et peut aisément rétablir en toute conscience un équilibre compromis.
  • Il veille à impulser cette dynamique auprès de son équipe et reste vigilant quant à la préserver. Il adopte une posture de leadership qui invite chacun à faire de même et il organise les activités et les horaires en fonction.
  •  A titre personnel, j’ai appelé cette posture « TEC », autrement dit : triangle d’équilibre circulaire. Si triangle et circulaire sont incompatibles sur un plan mathématique, ces termes réunis le sont parfaitement sur un plan prosociale. A savoir que nous penchons tous, à un moment donné, plus d’un côté ou de l’autre du triangle. Mais la prise de conscience de la position que nous occupons nous permet de tourner dans le sens que nous souhaitons ou dont nous avons besoin afin d’en rééquilibrer les côtés. C’est donc une démarche circulaire et extrêmement mouvante.
  • La clé de la réussite de cette prise de conscience c’est de se poser régulièrement de bonnes questions en plaçant de bons curseurs* : « où en suis-je actuellement ? comment est-ce que je me sens ? Est-ce que je me respecte moi-même ? Que dit mon entourage tant professionnel que personnel ? Quel impact sur les autres ? Ai-je l’impression de m’épanouir ? Est-ce que je me consacre tu temps ?   Et aux autres ?…
  •  Il est très intéressant de réaliser un vrai curseur en dessinant un triangle sur une feuille. Pour chaque côté, divisez la droite en 10 petits traits numérotés de 1 à 10 et donnez une échelle de valeur à chaque point. Estimez – vous et faites « tourner » la roue en fonction pour retrouver l’équilibre en vous demandant : « que puis-je faire concrètement pour me rapprocher un petit peu de l’équilibre » ? Passez à l’action immédiatement. Découvrez ici ma flashcard du « triangle circulaire« .
  1. Favoriser l’autonomie

Dans le dictionnaire « Larousse », vous trouverez pour ce mot trois définitions dont celle-ci : « capacité de quelqu’un à être autonome, à ne pas être dépendant d’autrui ; caractère de quelque chose qui fonctionne ou évolue indépendamment d’autre chose » (https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/autonomie/6779)

  •  Mon expérience de coaching en entreprise me montre à quel point les travailleurs manquent cruellement d’autonomie. Trop souvent tributaires de règles mal établies, de profils de fonction trop cadrés et/ou d’une hiérarchie (chef d’équipe ou de projet, manager, …) faisant preuve de rétention d’informations sous prétexte de perdre un quelconque privilège.
  • Tout être humain a besoin d’une forme d’autonomie pour exister. Si pour certains celle-ci est naturelle, pour d’autres ce n’est pas le cas. Hors, l’autonomie est une « soft skill », autrement dit une compétence qui s’apprend.
  • Et pour être autonome, d’une part il faut avoir confiance en soi et d’autre part gagner la confiance de ceux qui nous entoure. La confiance en soi, c’est savoir que l’on possède les ressources nécessaires pour faire face à une situation particulière, la gérer de manière appropriée et s’adapter. Il existe 4 types de confiance :
  • La sécurité intérieure: confiance de base, sensation d’être bien avec soi-même et dans son corps, de se sentir à sa place, fort et solide.
  • La confiance en ses désirs et ses besoins: capacité à effectuer des choix sans les remettre en question. Faire preuve de discernement et pouvoir faire ce qui est bon pour soi.
  • La confiance en ses compétences: capacité à apprendre, à faire et à transmettre. Pouvoir prendre des responsabilités et les assumer tout en se donnant la permission d’échouer.
  • La confiance relationnelle : capacité à se sentir à l’aise dans son entourage pour exprimer ses idées, ses émotions, ses sentiments, sans crainte du jugement. Sensation profonde de se sentir accepté par les autres.
  • Dans un contexte de travail en entreprise, le Manager Agile veillera à ce que chacun puisse cultiver la confiance de manière à pouvoir favoriser les conditions d’une autonomie efficace et investie.
  • Le Manager Agile s’assurera de mettre les moyens nécessaires afin de former son équipe à cette compétence. Favoriser l’autonomie, c’est également donner de la valeur à la personne, tant en qu’individu que pour les savoir-faire qu’elle apporte au sein de votre entreprise. Cela contribue à grandir l’autre et à se grandir soi-même à travers l’autre. Prenant bien en compte que donner de l’autonomie se fait de manière stratégique, en reposant sur des leviers puissants de confiance et de compétences partagées.
  •  Cette prise d’autonomie doit bien entendu être accompagnée d’un cadre d’utilisation, être évaluée de manière régulière et faire l’objet d’adaptations.

 

  1. Organiser un cadre de travail positif

Pour favoriser motivation (intrinsèque et extrinsèque, j’y reviendrai dans un prochain article) et implication, un cadre de travail positif est indispensable. Toutes les études le montrent, celui-ci a un impact direct sur la qualité relationnelle mais également sur la productivité.

° Au départ de l’analyse et de la prise en compte des besoins de chacun, tant individuels que collectifs, (cfr mon article sur la pyramide de Maslow), le Manager Agile prendra à cet égard une série d’initiatives, si possible en concertation avec toute son équipe :

  • Open space : les espaces ouverts favorisent la communication et les interactions entre les membres d’une équipe. Néanmoins, cet agencement sera fait de telle sorte à préserver les besoins d’intimité et de confidentialité de ceux qui en ont besoin, pour raisons personnelles ou professionnelles. Il est important de veiller également à créer des espaces modulaires et polyvalents.
  • Il favorisera tout ce qui permet d’optimiser l’ergonomie, tant en termes d’aménagement que d’équipements. Les outils seront simples d’utilisation, efficaces, adaptés, performants et à la pointe. Tout sera pensé de manière à accroitre confort intellectuel et confort physique.
  • Le Manager Agile proposera la création d’un blog interne à l’entreprise permettant à chacun d’y écrire ses réflexions et ses suggestions mais aussi d’y poser des questions ou de partager ses difficultés. Celui-ci peut fait l’objet de moments d’analyse et d’échanges tels que mentionnés au point 7 dans les « Reportings ».
  • Outre les formations internes ou faisant l’objet de développement d’une expertise, il mettra en place des ateliers formatifs en communication non violente (CNV), en gestion de conflits et en acquisition de « soft skills » telles que autonomie, créativité, empathie, gestion du temps, gestion du stress… Ce sont les premiers jalons de « résistance » face au développement de l’intelligence artificielle.
  • Le Manager Agile pensera également à organiser des « sorties » pour son équipe. Celles-ci ont pour vocation de consolider les interrelations ainsi que d’apprendre à chacun à mieux se connaître et à renforcer la confiance mutuelle. Rappelez-vous que celle-ci est indispensable à la prise d’autonomie. Ces sorties peuvent prendre un caractère informel et convivial ou se faire sous formes de petites sessions de « brainstorming » productif.

 

  1. Impliquer dans les prises de décision

Avant de prendre une décision importante, le Manager Agile se tournera d’abord vers sa base afin d’en partager les composantes et de recueillir son avis. Il n’est pas concevable, dans une dynamique d’Eco Agilité, de ne pas impliquer au centre de celles-ci ses travailleurs, premiers artisans de la réussite de votre entreprise.

  • Il est utile de rappeler l’importance de donner de la valeur à chacun. Cela passe par l’intéressement aux prises de décision. Implication n’est pas intrusion et il ne s’agit pas d’induire une notion de contrainte. Au contraire, la transparence favorise compréhension, adhésion, coopération et a un grand impact sur la capacité à fédérer. Par ailleurs, impliquer dans les prises de décision ne veut pas dire « faire prendre la décision ». Celle-ci reste de votre ressort.
  •  Enfin, cette implication permet au Manager Agile de garder le contact avec sa base. Il reste au plus près de la réalité et des besoins de sa base. Il favorise des relations sociales puissantes et qui durent. Cette manière de faire lui permet à l’évidence d’adapter ses postures de leadership.

# Mot de fin

Au cours de cet article, vous avez découvert 5 nouveaux points sous contrôle du Manager Agile. Ceux-ci sont complémentaires des 6 premiers points abordés dans l’article précédent.

La liste n’est pas exhaustive mais il s’agit sans conteste des points essentiels pour bien entrer dans la démarche de l’Eco Agilité managériale.

Ils sont interchangeables, modulables mais indissociables. Effectivement, tout se tient et se met dans une forme de cohérence aussi naturelle qu’efficace.

La démarche sera maintenant de confirmer ce que vous faites déjà et d’initier ce que vous ne faites pas encore. Expérimenter, évaluer, adapter. Gardez et optimisez ce qui fonctionne, améliorer ce qui peut l’être et supprimer ce qui ne fonctionne pas.

Le tout est de rester dans une démarche proactive au sein de laquelle chacun reste impliqué, valorisé.

Le Manager Agile est un leader impliqué qui garde l’humain au centre des intérêts. « Il prend soin de lui comme il prend soin de son équipe »!

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